Based in Paris, FRANCE, WOMBAT is a blog by CHRISTINA MACKENZIE. Her posts PORTRAY WOMEN THE WORLD OVER WHO'VE CHOSEN TO SERVE THEIR RESPECTIVE COUNTRIES IN THE DEFENCE SECTOR.

Maréchal des logis Julie

Maréchal des logis Julie

Julie devant une carte des espaces aériens. Crédit photo : Lt Lydie/armée de terre

Julie devant une carte des espaces aériens. Crédit photo : Lt Lydie/armée de terre

Julie, météorologue au 3e régiment d’hélicoptères de combat, rit quand je lui demande pourquoi elle n’a pas préféré l’armée de l’air ou la marine à l’armée de terre pour y pratiquer son métier. « C’était évident pour moi de choisir l’armée de terre, car mon grand-père et mon père y ont fait leur carrière », explique-t-elle. Mais le métier de météorologue lui était inconnu et c’est le CIRFA (Centres d’Information et de Recrutement des Forces Armées) de Strasbourg « qui m’a parlé de météo » raconte cette jeune Alsacienne. On lui propose de passer une semaine en immersion pour découvrir le milieu, et voilà Julie mordue par la météo !

“Quand on est en OPEX c’est de l’opérationnel, il n’y a pas le droit à l’erreur”

Ayant passé un bac S au lycée militaire à Saint-Cyr l’École (proche de Versailles et rien à voir avec les Écoles Militaires Spéciales de Saint Cyr Coëtquidan qui, eux, forment les officiers de l’armée de terre), la formation pour devenir météorologue dans l’armée de terre ne l’a pas rebutée.

Suite aux huit mois de formation militaire à l’école des sous-officiers de Saint-Maixent, Julie enchaine avec 18 mois à l’École nationale de la météorologie à Toulouse. C’est une école qui forme en grande majorité des civils qui n’y rentrent que par concours mais il y a une filière particulière pour les militaires. Julie y étudie la physique de l’atmosphère, les ondes électromagnétiques, les probabilités, l’océanographie ; elle fait de l’Anglais, des maths ; elle apprend a observer, mesurer prévoir ; a comprendre la météorologie satellitaire ; à analyser les vagues et la houle ; a faire des statistiques. Bref, c’est un cursus extrêmement académique « que peu de militaires connaissent », explique-t-elle.

À la fin elle sort avec un brevet de Technicien des Métiers de la Météorologie. « La différence avec les civils qui sortent techniciens au bout de deux ans d’études c’est que nous ne faisons que 18 mois d’études et les six mois restants nous sommes en formation spécifiquement militaire dans nos régiments d’affectation ». Elle ajoute dans un grand sourire qu’au bout de huit ans de métier, suite à une formation supplémentaire, elle aura une équivalence d’un Bac+3 prévisionniste opérationnel !

Julie consulte les cartes météo. Crédit photo : Lt. Lydie/armée de terre

Julie consulte les cartes météo. Crédit photo : Lt. Lydie/armée de terre

Julie a signé un premier contrat de cinq ans en octobre 2015 comme sous-officier et vient de le renouveler jusqu’en 2026. Pour l’instant elle ne souhaite pas passer le concours pour devenir officier « car je ne pourrai pas garder ma spécialité », explique-t-elle. Et elle y tient ! Elle envisage d’emprunter la « voie des officiers de domaines de spécialités », un nouveau concours introduit en 2020 ouvert au sous-officiers dès qu’ils ont dix ans de service et qu’ils peuvent tenter jusqu’à l’âge de 45 inclus... mais Julie en sera loin quand elle pourra déjà s’y présenter dans quatre ou cinq ans ! 

Pour le moment elle est très heureuse au sein de l’armée de terre qu’elle considère comme « une deuxième famille ». Il est vrai qu’elle a pu côtoyer ce milieu depuis toute petite « mais maintenant que j’y travaille, il y a le côté professionnel que je ne voyais évidemment pas quand j’étais enfant ». Elle apprécie qu’on exige d’elle « rigueur, réactivité, respect de l’uniforme ».

Chacun des trois régiments d’hélicoptères (le 1er, le 3e et le 5e) a une équipe de quatre météorologues. « Nous avons presque des horaires de bureau », sourit-elle. « Nous travaillons soit de 6h à 15h, soit de 8h à 17h et ne sommes que très occasionnellement sollicités la nuit. » Julie explique qu’en France son travail est assez « routinier car on fait essentiellement de la météo pour des vols d’entraînements ». Par contre, pendant son déploiement de quatre mois au Mali « que j’ai adoré » dit-elle les yeux brillants, son travail « n’avait rien à voir » avec son quotidien en France. 

D’abord il y avait la météo tropicale qu’elle a appris à prévoir lors d’un stage de deux semaines avant son départ.« « Au Mali, il y a la saison des pluies en été, où la formation de très gros orages est quasi quotidienne, ce qui nécessite la présence de deux météorologues, tandis que pour les déploiements en hiver, en saison sèche, il n’y a qu’un seul météorologue sur place », explique-t-elle.  Julie a beaucoup aimé la responsabilité accrue de son métier en opération extérieure, ou OPEX en langage militaire. « On sait pourquoi on est là. Quand on est en OPEX c’est de l’opérationnel, il n’y a pas le droit à l’erreur et c’est ce qui rend le travail plus interessant qu’en France. On se sent utile car les enjeux ne sont pas les mêmes et moi j’ai envie d’y retourner », s’exclame-t-elle, « même si c’est toujours difficile d’être loin de sa famille ». Son conjoint étant dans le même régiment et sa famille étant habituée au monde militaire, ils comprennent tout à fait les contraintes du métier.

Quelles sont les qualités requises pour être météorologue dans l’armée ? La réponse de Julie peut surprendre : « Il faut être curieux. » Elle s’explique : « pour faire de la prévision il faut aller fouiller pleins de renseignements. Par exemple, j’ai une centaine de programmes à ma disposition et il ne faut pas que j’ouvre tout le temps les mêmes cartes. » Elle ajoute qu’il faut aussi être patient. « On ne peut pas aller plus vite que le temps », sourit-elle. Et il faut « savoir s’adapter à toutes les situations » termine-t-elle.

Brigadier Chef Titaua

Brigadier Chef Titaua

Lieutenant Lucie

Lieutenant Lucie