Based in Paris, FRANCE, WOMBAT is a blog by CHRISTINA MACKENZIE. Her posts PORTRAY WOMEN THE WORLD OVER WHO'VE CHOSEN TO SERVE THEIR RESPECTIVE COUNTRIES IN THE DEFENCE SECTOR.

Lieutenant Lucie

Lieutenant Lucie

Lucie lors d’un entraînement en France. Crédit photo : Asp. Morgane/Armée de Terre

Lucie lors d’un entraînement en France. Crédit photo : Asp. Morgane/Armée de Terre

Lucie est la seule femme chef de peloton au 1er régiment de chasseurs à Thierville-sur-Meuse. Son matériel de travail pèse environ 55 tonnes, pour une largeur de 3m60 et une hauteur de 3m06. En dépit de cette taille imposante, l’espace de travail à l’intérieur du char de combat Leclerc, car c’est bien de lui qu’il s’agit, est extrêmement réduit. Ayant eu la chance moi-même de faire un petit tour à bord il y a quelques années, je confirme ! 

Il n’y a pas de vitre dans un char Leclerc. Le pilote n’appréhende l’extérieur que par le moyen d’épiscopes. Cela me donne l’impression de me trouver à l’intérieur d’une boîte à sardines ! Lucie concède qu’un char Leclerc n’est effectivement pas le lieu de idéal pour quelqu’un souffrant de claustrophobie « mais ce n’est pas mon cas », souligne-t-elle.

“Je voulais être dans la mêlée, être au contact, au combat, et cela restreint énormément le choix des métiers et des régiments” 

Issue d’une famille militaire et ayant toujours voulue être militaire aussi car « j’ai beaucoup d’admiration pour le milieu », elle a néanmoins attendu d’avoir 28 ans avant de s’engager comme officier sous contrat. « Je voulais être sûre de mon choix », explique-t-elle. Alors suite à un bac STG (sciences et technologies de la gestion) elle enchaîne des petits boulots avant d’entamer une licence puis un master en histoire médiévale.

Elle est admise en 2018 au 4e bataillon de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr (depuis le 18 février dernier : l’École militaire des aspirants de Coëtquidan), une des trois écoles de Saint-Cyr Coëtquidan (les deux autres étant l’École spéciale militaire de Saint-Cyr pour les élèves officiers de carrière et l’École militaire interarmes pour le personnel non officier recruté par la voie interne pour devenir officiers de carrière), toutes destinées à la formation des officiers de l’Armée de Terre. La spécificité de celle où Lucie a entrepris sa formation est que les élèves peuvent l’intégrer jusqu’à l’âge de 32 ans et qu’ils y sont admis sur titre avec un diplôme de niveau bac+3 ou bac+5. Ces derniers sont en majorité d’après Lucie, car c’est aussi cette école qui dispense la formation militaire des élèves-officiers polytechniciens, des ingénieurs militaires, des grandes écoles etc.

Est-ce que la dizaine de femmes dans sa promotion de 140 ont trouvé la vie aussi difficile que celles qui sont recrutées sur concours post-bac à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr ? « Non, car c’est une population très différente », répond Lucie immédiatement. « Les élèves y sont plus âgés ; ils ont une expérience du travail dans le monde civil pour la plupart d’entre eux alors les relations humaines n’impactent pas la formation » , raconte-t-elle.

Sachant qu’il faudrait être au niveau physiquement, Lucie a entrepris un régime d’entraînement sévère : course à pied et crossfit (un programme très en vogue depuis quelques années combinant plusieurs activités physiques et sportives, notamment la musculation, la gymnastique et l’haltérophilie permettant de travailler l’endurance, la force et l’aérobie). Mais pour Lucie « ce n’est pas que le physique qui compte mais le mental. C’est une question de volonté. Celui qui est au bout de ses forces physiques lors d’une marche de 20km en portant une charge lourde mais qui à une force mentale forte, finira la marche mieux que celui qui est en meilleure forme physique mais qui à un mental moins fort. » J’en déduis d’après son attitude que Lucie appartient au premier groupe surtout quand elle ajoute que « le dépassement de soi est toujours d’actualité ».

L’outil de travail de Lucie : un char Leclerc. Crédit photo : Armée de terre.

L’outil de travail de Lucie : un char Leclerc. Crédit photo : Armée de terre.

Suite à l’année de formation militaire de base à Coëtquidan et à l’école de cavalerie de Saumur où elle suit la formation de chef de peloton blindé, Lucie a intégré il y a quelques mois le régiment qui l’avait recruté, qui était aussi son premier choix. « Je voulais être dans la mêlée, être au contact, au combat, et cela restreint énormément le choix des métiers et des régiments », explique la jeune femme.

Elle commande un peloton de quatre chars Leclerc et quatre VBL (véhicule blindé léger). Il y a trois personnes dans chaque char dont un chef d’équipe. « Mon action est la même que les autres chefs de chars », explique-t-elle, sauf qu’en plus elle commande l’ensemble et met en œuvre les directives de sa hiérarchie. Exactement comme le personnel d’un avion de chasse, ceux d’un char passent énormément de temps en amont d’une sortie à préparer non seulement l’exercice ou la mission mais aussi le char lui-même. « Et puis nous devons former les jeunes soldats », ajoute-t-elle.

Elle raconte, avec un point de regret, que « dans mon cursus je suis vouée a être capitaine. Plus je vais avancer, plus je vais m’éloigner des chars pour avoir des commandements plus large. »

Lucie est pour un traitement sans concession aucune entre les militaires femmes et hommes. Elle martèle que « le jour où je suis au combat, je ne suis plus une femme, je suis un militaire ». Elle montre fièrement du doigt son treillis : « c’est un treillis unisexe ». Et l’idée qu’une mère de famille ne devrait pas aller au combat la révulse. « Un homme donne autant la vie qu’une femme », affirme-t-elle. 






Maréchal des logis Julie

Maréchal des logis Julie

Sergent-chef Charlotte

Sergent-chef Charlotte