Based in Paris, FRANCE, WOMBAT is a blog by CHRISTINA MACKENZIE. Her posts PORTRAY WOMEN THE WORLD OVER WHO'VE CHOSEN TO SERVE THEIR RESPECTIVE COUNTRIES IN THE DEFENCE SECTOR.

Brigadier Chef Titaua

Brigadier Chef Titaua

Titaua, au 1er régiment de chasseurs à Thierville. Crédit photo : Aspirant Morgane/Armée de terre

Titaua, au 1er régiment de chasseurs à Thierville. Crédit photo : Aspirant Morgane/Armée de terre

Titaua (prononcer Titawa en accentuant la première syllabe) a quitté son ile natale de Taha’a (entre Tahiti et Bora-Bora en Polynésie française) à 19 ans, troquant son paréo pour le treillis de l’armée de terre. Dix ans plus tard elle est mécanicienne NRBC (nucléaire, radiologique, biologique et chimique) au 1er régiment de chasseurs. « Les études ne m’intéressaient pas trop et plutôt que de passer mes journées à traîner dehors, je voulais faire quelque chose. En plus, je ne voulais pas rester en Polynésie et je voulais me rapprocher de ma sœur, adoptée en Métropole », raconte-t-elle. Ce sont des connaissances, réservistes, « qui m’ont motivé, qui m’ont aidé à faire les démarches et qui m’ont préparé, surtout pour la partie physique en me faisant faire de la course à pied et des suspensions », rit-elle.

Elle se souvient fort bien de ce jour en 2011 quand elle a atterri en Métropole, la peur au ventre, pour intégrer le 2e régiment des dragons, spécialisé dans la lutte NRBC.

Ce n’était pas un choix particulier fait par Titaua. « J’étais partante pour découvrir et on m’a proposé cela alors j’y suis allée » dit-elle simplement.  Elle reconnaît volontiers que « pour ceux qui ont fait des études poussées, ce régiment offre de vraies opportunités », mais que pour elle « en dehors de stages spécifiques NRBC [tels que les protocoles de déshabillage ou de nettoyage de véhicule suite à une contamination], je suis restée polyvalente ».

“Les études ne m’intéressaient pas trop et plutôt que de passer mes journées à traîner dehors, je voulais faire quelque chose”

Elle devient pilote d’un des 25 VAB NRBC, un véhicule d’avant blindé de reconnaissance modifié pour pouvoir reconnaître, analyser et alerter la chaîne de commandement en temps réel de la situation NRBC. Avec ses trois co-équipiers ses missions consistent soit à passer en avant des troupes pour faire de la reconnaissance, c’est à dire, vérifier qu’il n’y a pas de danger NRBC, ou alors de faire de la reconnaissance dans des zones que l’on sait contaminées ; il faut aussi faire du renseignement nucléaire et chimique auprès du commandement ainsi que faire de la simple surveillance.

Le véhicule est reconnaissable car à l’arrière il y a une grosse boite rectangulaire qui permet de faire des prélèvements automatiquement en statique ou en déplacement grâce a des « bras » commandés par un opérateur depuis l’intérieur du véhicule; sur les côtés du véhicule des bulles servent à la détection radiologique. Une fois des échantillons de sol ou d’air prélevés ils sont analysés dans le véhicule et si un danger est détecté il est signalé par une balise posée automatiquement sur le sol par le véhicule.

C’est dans le cadre de ce régiment que Titaua part en opération extérieure (ou OPEX comme disent le militaires) à… Tahiti ! Elle y passe quatre mois, prête à apporter une aide humanitaire en cas de cyclone, par exemple « mais tout est resté calme pendant mon déploiement », sourit-elle.

Puis elle demande une ré-orientation pour devenir mécanicienne sur ce qu’elle appel le « moteur NRBC » mais qui est, en fait, le système de ventilation et de pressurisation de l’air à l’intérieur du véhicule. Il est évident que dans une zone contaminée NRBC, les occupants du véhicule ne doivent pas respirer l’air extérieur sans filtration.

Titaua travaille sur un des VBL du régiment. Crédit photo : Aspirant Morgane/Armée de terre

Titaua travaille sur un des VBL du régiment. Crédit photo : Aspirant Morgane/Armée de terre

Fin 2019 Titaua change de régiment pour intégrer le 1er régiment de chasseurs car « mon homme, sous-officier, qui était, comme moi, dans un escadron de combat, a demandé un changement de métier pour devenir conseiller incendie dans ce régiment et moi je l’ai suivi parce qu’on est mariés. » Elle ajoute que « c’était devenue très compliquée avec nos deux enfants en bas âge car il fallait que quelqu’un les garde et mon homme étant Réunionnais, ses parents comme les miens ne sont pas à côté pour faire du babysitting ! Maintenant je suis un peu plus posée. »

Titaua passe deux mois dans les services de secrétariat à son arrivée dans le régiment fin 2019 en attendant qu’un poste de mécanicien se libère. Aujourd’hui elle fait de la maintenance sur les 122 véhicules blindés légers VBL dont dispose le régiment ainsi que du petit matériel NRBC, tels que les masques, car tout régiment français, même s’il n’est pas spécialisé dans la lutte contre les menaces NRBC, est néanmoins équipé avec du matériel de base. Ils sont quatre à travailler dans l’atelier.

La jeune femme n’est pas la seule Polynésienne au régiment et admet qu’il est très agréable de se retrouver « entre soi ». Cela compense un peu le fait qu’elle ne peut pas rentrer en Polynésie très souvent car les « CPG » (concession de passage gratuit) que les forces armées accordent aux militaires issus d’outre-mer (ou ceux de la Métropole effectuant un séjour dans les collectivités d’outre-mer d’au moins deux ans sans leur famille) tous les trois ou cinq ans sont partagées entre son « chez elle » et celui de son mari à la Réunion.

Elle rit franchement à la suggestion que les femmes polynésiennes, connues pour être les cheffes chez elles, sont bien à leur place dans l’armée. « Les femmes sont mises à l’épreuve tous les jours, autant dans l’armée que dans le civil alors ce n’est pas évident tous les jours. Mais c’est à nous de nous pas se laisser faire », souligne-t-elle, en ajoutant qu’elle compte continuer dans l’armée jusqu’à la retraite, possible au bout de 17 ans de service. D’ici-là aura-t-elle franchit le cap pour devenir sous-officier ? Elle y réfléchit.





Brigadier-chef Anne-Laure

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Maréchal des logis Julie

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