Based in Paris, FRANCE, WOMBAT is a blog by CHRISTINA MACKENZIE. Her posts PORTRAY WOMEN THE WORLD OVER WHO'VE CHOSEN TO SERVE THEIR RESPECTIVE COUNTRIES IN THE DEFENCE SECTOR.

Christine Thomas

Christine Thomas

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Christine Thomas. Photo personnelle.

Comme toutes les interviews que j'ai faites depuis le confinement induit par le Covid-19, celle-ci avec Christine a été réalisée par lien vidéo sur les réseaux sociaux. Néanmoins nous avons presque pris le thé ensemble car pendant notre conversation le bras désincarné de son mari est apparu sur mon écran pour lui apporter une tasse de thé !

“Moi je les ai demandées [les choses] et donc l’entreprise les a créées pour moi… et maintenant tout le monde en profite”

Ainsi, dans notre salon de thé virtuel, elle m'a raconté comment elle était passée du statut d'apprentie en alternance chez British Aerospace Army Weapons (BAAW) en 1981 à celui de Directrice Internationale des Capacités Fonctionnelles et des Compétences à la Direction de l'ingénierie de MBDA. Il s'agit de la société franco-britannique-italo-germano-espagnole qui fabrique des missiles pour les forces aéroportées, navales et terrestres.

À la fin de ses études secondaires, elle travaille un an chez BAAW puis passe trois années à temps complet à l'Université de Salford d’où elle obtient sa licence en systèmes informatiques électroniques « parce qu'il y avait beaucoup trop de statistiques en informatique ! » Elle fut l'une des six filles parmi 160 élèves à suivre ce cours. Mais elle a adoré car « ce programme en alternance était formidable : j'avais la garantie d'un emploi rémunéré dans l'entreprise pendant mes vacances, je cotisais déjà à un régime de retraite et je recevais une bourse chaque année. » Elle n'avait aucune obligation de rester dans l'entreprise après l'obtention de son diplôme, mais elle a choisit de le faire et y a passé une année à acquérir de l'expérience dans les différents départements.

« C'était une évidence pour moi de faire quelque chose en lien avec les mathématiques et les sciences parce que ce sont des matières que j'ai toujours adorées, en particulier les mathématiques », explique Christine. Son père était ingénieur « ce qui fût clairement une influence » mais elle ne voulait pas travailler dans la même entreprise que lui car il était un cadre très haut placé et elle craignait des accusations de népotisme.

Christine sait que pour être heureuse dans son travail elle doit être assise sur « un tabouret professionnel à trois pieds et, évidemment, les trois doivent être égaux. Le premier pied c’est que le travail doit me fournir un défi technique, le deuxième qu'il doit impliquer de la gestion de projet et le troisième qu'il comprenne de la gestion de personnes. Pour y parvenir, des emplois ont été modifiés ou créés pour moi », dit-elle tout naturellement, comme si c'était courant dans les grandes entreprises !

Et ce même lorsque l'entreprise traversait une période très difficile entre 1988 et 1991 et licenciait 19 500 personnes, passant d'un effectif de 22 000 à 2 500.

D'autres modifications qui ont été apportées pour elle incluent une interruption de carrière et le travail à temps partiel pour un cadre. « C'étaient des choses qui n'existaient pour personne au début des années 90 parce que les gens n'avaient tout simplement pas eu l'idée de les réclamer. Mais moi je les ai demandées et donc l'entreprise les a créées pour moi… et maintenant tout le monde en profite », remarque-t-elle. Christine, qui dit n'avoir jamais été victime de discrimination parce qu'elle est une femme, ne croit pas à la discrimination positive. Cela ne rend pas service aux femmes « parce que cela plante des doutes dans l'esprit des gens quant à savoir si la femme a atteint sa position sur la base du mérite, et ainsi les sapent ». Les personnes devraient être promues parce qu'elles sont bonnes dans ce qu'elles font plutôt que grace à leur genre . « Les opportunités devraient être égales pour tout le monde », souligne-t-elle. Elle vient d'être promue au deuxième grade le plus élevé dans l'entreprise mais admet que « le nombre de femmes présentes aux niveaux supérieurs pourrait être amélioré ».

À 27 ans elle dirigeait une équipe d'une douzaine de personnes dans le domaine de la recherche appliquée sur les logiciels, examinant les méthodes et les outils nécessaires au développement de logiciels. Et puis, en 1994, elle a eu l'opportunité de travailler à Paris en tant que responsable d'un appel d'offres pour mettre un missile sur un hélicoptère d'attaque «… qui était complètement hors de ma zone de confort ». La semaine initiale fut un défi - la première introduction au travail international, un vol retardé à cause du brouillard, des discussions techniques et commerciales, une entreprise différente où elle ne connaissait personne. « Après la première semaine, j'ai découvert que j'étais enceinte », dit-elle en riant, mais pendant les six mois suivants elle a continué à passer cinq jours par semaine dans la capitale française, puis à rentrer chez elle à Bristol tous les week-ends.

Puis, quand sa fille Emma avait quatre ans, elle décida de demander une pause de neuf mois dans sa carrière. « J'ai été la première personne de MBDA UK à faire une telle pause », fait-elle remarquer. Mais elle ne s'est pas contentée de se reposer, elle a utilisé le temps pour se former en tant que conseillère financière ... mais a rapidement décidé que « la vente d'armes était plus éthique que la vente de produits financiers dans les années 1990 ! » De plus, « j'avais tous les défis que je voulais au sein de l'entreprise » et elle en est fière. « Notre objectif principal c’est la défense », dit-elle, en soulignant ce dernier mot.

Son mari a pris toute la responsabilité de la maisonnée quand sa fille avait 11 ans. Malheureusement, juste au moment où Christine fut promue cheffe du département de conception des systèmes, il a développé une maladie grave. Dans ces conditions le couple a pensé raisonnable que lui cesse de travailler pour que Christine puisse se concentrer sur sa carrière. Elle ne se considère pas comme un modèle, contrairement aux jeunes femmes dans son entreprise. C'est l'une d'entre elles qui m'a suggéré de l'interviewer !

Ex-capitaine Graciela Tiscareño-Sato

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Helen Barry

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