Based in Paris, FRANCE, WOMBAT is a blog by CHRISTINA MACKENZIE. Her posts PORTRAY WOMEN THE WORLD OVER WHO'VE CHOSEN TO SERVE THEIR RESPECTIVE COUNTRIES IN THE DEFENCE SECTOR.

Eva Bruxmeier

Eva Bruxmeier

Eva Bruxmeier. Photo personnelle.

Eva Bruxmeier. Photo personnelle.

“Ils ne m’offraient ni un appartement, comme certains autres, ni un si bon salaire, mais comme mon objectif était de travailler de près avec la technologie,
 j’ai accepté ce compromis”

Les femmes cadres supérieurs dans les industries de la défense sont rares, mais encore plus exceptionnelles dans le secteur des missiles, ces derniers étant généralement considérés comme des « jouets pour garçons ». Mais il y a quelques exceptions, dont Eva, avec sa passion pour la technologie et son esprit matheux.

Il est impossible en écoutant la directrice générale d'Eurosam * d'imaginer qu'elle n'est pas italienne avec son bel accent chantant quand elle parle en anglais. Mais en fait Eva est née en Allemagne et a vécu dans son pays natal jusqu'à l'âge de 22 ans.

Elle s'est spécialisée dans les études de physique et de mathématiques au lycée, avant de poursuivre ses études à l'école d'ingénieurs Siemens à Munich puis d'entrer directement comme employée chez Siemens.

Eva, dans le port d’Istanbul en Turquie, à bord d’un des navires français équipé du missile Aster. Photo personnelle.

Eva, dans le port d’Istanbul en Turquie, à bord d’un des navires français équipé du missile Aster. Photo personnelle.

« J'avais un bel appartement, fourni par Siemens, et un bon salaire mais je me trouvais trop jeune pour avoir une vie aussi stable et je voulais vraiment partir à la découverte d'autres cultures et d'autres pays. » Alors, au grand dam de ses parents, elle a tout lâché pour aller à Rome étudier les mathématiques à l'Université La Sapienza, bien que ne parlant pas un mot d'italien. « J'ai mélangé un peu de français avec le latin que j'avais appris à l'école et il est sorti quelque chose qui ressemblait un peu à de l'italien », rit-elle. Mais elle admet que la première année a été très difficile et qu'elle n'avait pas été « vraiment bonne » lors des premiers examens oraux. « L'examinateur m'a dit que je devais revenir et être plus précise dans mes explications », dit-elle. « Il m'a fallut 18 mois pour maîtriser la langue et 10 ans pour maîtriser la culture », sourit cette femme élégante et décontractée.

Lorsqu'elle a obtenu son diplôme en 1988, Eva a reçu un certain nombre d'offres d'emploi. « À l'époque, vous receviez une offre d'emploi par télégramme et j'en ai reçu beaucoup. Mais j'attendais celui de Selenia [une entreprise de haute technologie italienne]. Alors, j'ai téléphoné pour leur expliquer que je voulais vraiment me lancer dans ce métier technique. Et ils m'ont envoyé leur offre ! »

Elle a accepté « même s'ils ne m'offraient ni appartement, comme certains autres, ni un si bon salaire, mais comme mon objectif était de travailler de près dans la technologie, j'ai accepté ce compromis. Les chiffres ont toujours été ma passion », sourit-elle, avouant avoir un jeu de Sudoku à côté de son ordinateur !

Et son choix fut judicieux car depuis elle n'a jamais quitté l'entreprise**  (la branche missiles de Selenia est devenue une des composantes de MBDA Missile Systems, qui avec Thales à crée Eurosam). Eva a été nommée directrice générale d'Eurosam en septembre 2018. C'est un cercle professionnel vertueux puisqu'elle est aujourd'hui à la tête du même programme et des mêmes produits que lors de ses débuts chez Selenia ! Eva souligne qu'elle « apprécie vraiment de travailler pour une entreprise 100% internationale, à la tête d'une équipe internationale bien intégrée ».

Je lui demande ce qu'elle trouvait si fascinant dans les missiles. Elle m'explique que c'était un secteur qu'elle connaissait parce que sa mère avait travaillé pour l'industrie de la défense, même si elle ne pense pas que cela ait eu beaucoup d'influence. « Pour moi, c'était de la technologie, et encore plus de technologie ! C'était le très haut niveau de technologie qui m'intéressait et j'étais sûre que dans une entreprise de défense j'aurais toujours l'opportunité de travailler sur les dernières technologies. Je suis entrée chez Selenia pour travailler sur ce grand nouveau programme pour développer et produire le systèmes de missiles antiaérien Aster à moyenne et longue portée navals et terrestres appelés FSAF (Famille Sol-Air Future). »

Elle a débuté sa carrière en tant qu'ingénieure logiciel au sein de la direction technique de Selenia acquérant de l'expérience dans la conception de systèmes de défense aérienne et dans les architectures logicielles de commande et de contrôle.

À son retour de congé maternité après la naissance de son premier fils, en 1990, elle a obtenu un poste de direction dans l'équipe des logiciels « et quand je suis retournée au travail après la naissance de mon deuxième fils en 1996, j'ai pu accroître mes responsabilités », explique-t-elle. Ce qui l’a conduite à traiter avec ses clients de la marine et de l'armée et à se rendre aux réunions. Mais elle avait une routine stricte pour équilibrer sa vie familiale et professionnelle. « Je me suis toujours assurée que je pouvais emmener mes fils à l'école le matin après un bon petit-déjeuner allemand. Ensuite, chaque après-midi, une baby-sitter venait chercher les garçons à l'école et restait jusqu'à notre retour à la maison pour notre dîner italien tardif entre 20 et 21 heures. Et puis nous faisions des jeux de société, activité que nous aimons encore faire aujourd'hui », remarque-t-elle. Et si elle et son mari italien devaient être absents sur une période de 24 heures, alors une autre baby-sitter venait passer la nuit auprès des garçons.

« Mais je dois aussi remercier mon mari très moderne parce qu'il aime cuisiner, et moi pas du tout, et il a été très, très tolérant avec moi », dit-elle en riant. 

Eva au Canada. Photo personnelle.

Eva au Canada. Photo personnelle.

Eva me dit que sa carrière a été « très calme » du point de vue de la discrimination sexuelle, même s'il n'y avait que quelques femmes ingénieures à Selenia lorsqu'elle a rejoint « cette entreprise vraiment masculine… à l'époque ! » Elle raconte que ses deux entretiens d'embauche étaient centrés sur son expertise technique et qu'elle n'a jamais eu à répondre à des questions concernant des interruptions de carrière potentielles en raison d'un congé maternité, par exemple, « même si j'avais peur que ces questions me soient posées ». Jamais, tout au long de sa carrière, ne s'est elle sentie discriminée parce qu'elle est une femme.

Aujourd'hui, elle dit que la tendance vers une meilleure égalité homme / femme est « très positive » et elle se réjouit que non seulement il y ait plusieurs femmes cadres (y compris la directrice du département technique d'Eurosam) mais que la diversité dans son ensemble soit promue à la fois chez MBDA et à Eurosam.

* une joint-venture 50/50 entre la France et l'Italie créée en 1989 par ce qui est aujourd'hui MBDA Italia, MBDA France - filiale de MBDA Missile Systems - et Thales.

** Selenia devient Alenia / Finmeccanica dont la division missiles, avec BAe Systems et Airbus, est devenue MBDA Missile Systems.

Helen Barry

Helen Barry

Lieutenant Laura

Lieutenant Laura