Based in Paris, FRANCE, WOMBAT is a blog by CHRISTINA MACKENZIE. Her posts PORTRAY WOMEN THE WORLD OVER WHO'VE CHOSEN TO SERVE THEIR RESPECTIVE COUNTRIES IN THE DEFENCE SECTOR.

Commandant Samantha Harvey

Commandant Samantha Harvey

Sam Harvey. Crédit photo : collection personnelle SH

Sam Harvey. Crédit photo : collection personnelle SH

Ce n’est pas parce que vous échouez à un moment donné qu’il ne faut pas persister… pour ensuite pouvoir vous révéler très performante dans le domaine en question. Dans le cas de Sam (elle préfère Sam à Samantha), ce domaine c’est l’armée britannique où elle prendra son grade de lieutenant-colonelle le 31 août. Actuellement cheffe de la division de la sécurité aérienne au Joint Helicopter Command (commandement interarmées d’hélicoptères), elle avait échoué lors de sa première tentative pour devenir militaire il y a 17 ans !

« Pour intégrer [la Royal Military Academy] Sandhurst [l’école de formation des officiers de l’armée britannique], il y a un certain nombre d’épreuves d’aptitudes que vous devez passer avant l’entretien principal. J'ai échoué à ces épreuves, tentées juste après avoir terminé mes études universitaires. Cela m'a rendue encore plus déterminée ! J'étais probablement un peu immature, mais comme on m’a encouragée à re-tenter ma chance l’année suivante, j'ai pris mon sac à dos, je me suis envolée pour la Thaïlande et j'ai voyagé seule à travers le monde pendant un an. »

Quand elle revient - et ses yeux pétillent encore lorsqu'elle partage quelques anecdotes sur son voyage - elle réussit cette fois les épreuves pour intégrer Sandhurst.

“Nous reconnaissons l’avantage concurrentiel que nous apporte les points de vues et les compétences particulières des femmes”

Sam a toujours aimé le sport et le plein air. « J'ai pratiqué, pas toujours très bien, pleins de sports, de la course de fond au hockey en passant par le tennis. » En tant que militaire, elle gagnerait sa vie dehors, pratiquant des sports (elle est aujourd'hui dans l'équipe de badminton de l'armée) et voyageant. « Qui n’aurait pas envie de faire ça ? » s’amuse-t-elle.

Très impatiente, elle veut s’engager à 16 ans, mais on l’encourage à poursuivre ses études. Elle obtient une licence en relations internationales et politique de l’Université de Plymouth en 2001. En tant qu’étudiante, elle rejoint le Corps de formation des officiers de l’université voisine d’Exeter. « Ce Corps est une source de recrutement assez importante, alors son but est de vous donner un avant-goût léger et de vous introduire tout doucement à la vie militaire », explique Sam.

Les connaissances acquises grâce aux exercices mouillés/secs seront utiles après ce passage dans une rivière afghane ! Crédit photo : collection personnelle SH

Les connaissances acquises grâce aux exercices mouillés/secs seront utiles après ce passage dans une rivière afghane ! Crédit photo : collection personnelle SH

La jeune femme a adoré sa formation à Sandhurst ... un peu plus rude que dans le Corps de formation ! « On vous crie dessus tant qu’on peut », rit-elle, ajoutant que « bien sûr, c’est un peu obligé : l’armée prend des civils et doit non seulement les mettre en forme physique, mais aussi leur apprendre à préparer un ‘Bergen’ [‘sac à dos’ dans le langage militaire britannique], à se familiariser avec des armes, à leur inculquer les règles de santé et d'hygiène et leur faire faire des exercices mouillés/secs. » Mon regard interrogateur encourage Sam à s'expliquer : « C'est quand vous êtes trempé, que vous vous précipitez dans votre basha [bâche pour faire une tente improvisée] pour enlever vos vêtements mouillés et enfiler des vêtements secs pour dormir, puis le matin, il faut remettre les vêtements mouillés.» Son expression ne laisse aucun doute sur le côté désagréable de l’exercice ! « Mais », sourit-elle, « c'est un apprentissage merveilleux . Ah, et tu apprends aussi à repasser !! »

Au début des années 2000, les trois promotions annuelles d’élèves officiers à Sandhurst comportaient chacune environ 270 personnes organisées en trois compagnies de trois pelotons de 30 personnes chacun. Les hommes et les femmes étaient séparés : deux compagnies constituées que uniquement d’hommes, la troisième composée de deux pelotons d’hommes et d'un de femmes. Dans ce dernier elles étaient 33 avec Sam, mais seules 21 complétèrent le cursus en 2004. Depuis 2015, tous les pelotons de Sandhurst sont mixtes.

Contrairement à la majorité de ses pairs, Sam a fait ses études secondaires dans un lycée public, plutôt que privé, et l’université qu’elle a fréquentée n’est pas parmi les plus prestigieuses. Mais elle trouve que Sandhurst est « un excellent niveleur ». Les élèves officiers viennent de milieux « très divers », tant sur le plan social que géographique et ont tous exactement les mêmes opportunités. Les filles furent légèrement moquées « à cause de nos cris de guerre un peu stridents » sourit-elle.

Sam rejoint pour son premier poste le 26e régiment (on dit ‘deux six’) de la Royal Artillery (RA) à Gütersloh, en Allemagne, où elle est officier de poste de commandement du canon d’artillerie automoteur AS90. « C'est un travail assez exigeant car on doit calculer toutes les données pour que les obus atteignent la cible », explique-t-elle. Mais c’est aussi l'occasion de faire de la plongée sous-marine au Belize et de participer à l'Alpine Challenge dans les montagnes bavaroises.

Son poste suivant lui permet de découvrir les paysages arides du Moyen-Orient en tant qu'aide de camp du général de division Bruce Brealey, commandant général adjoint du Corps multinational - Irak. « Sa tâche consistait à encadrer les généraux irakiens ; la mienne à m'assurer que tout se passe pour le mieux », dit-elle.

Elle est ensuite déployée pendant sept mois en Afghanistan. Capitaine à ce moment-là, elle commande l'équipe d'appui-feu du 4e régiment RA. Au début Sam est la seule femme parmi 150 personnes dans une base militaire au nord de Lashkar Gah. Porter quotidiennement un sac à dos de plus de 30 kg par une chaleur de 50ºC était « extrêmement pénible»; menue de nature, elle est revenue au Royaume-Uni ne pesant plus que 47kg.

C’est lors de son quatrième poste que Sam découvre les drones au sein du 47e (‘quatre sept’) régiment RA, un régiment interarmées de drones tactiques et de mini drones. Le régiment exploite aujourd’hui le drone Watchkeeper qui est lui-même sous le commandement interarmées d’hélicoptères.

Plus tard Sam devient l’adjointe au commandant du 47, « où je dirigeais le régiment au jour le jour au nom du commandant. » Auparavant, elle a coordonné la communication stratégique depuis le quartier général du Corps de réaction rapide allié, puis a commandé les 150 personnes de la batterie 10 (Assaye), pilotant des drones miniatures (jusqu'à 8 kg). « C'était assez particulier, un véritable honneur », note-t-elle.

Tout cela pour expliquer comment les chemins empruntés par Sam l’ont menée en 17 ans depuis les canons d’artillerie jusqu’aux hélicoptères. Elle trouve clairement sa vie professionnelle exaltante et satisfaisante. Mais elle reconnaît que les relations personnelles à long terme peuvent être compliquées lorsqu’on déménage tous les deux ans et que votre partenaire trouve les exigences de votre travail difficiles. Sam prend soin de protéger sa réputation de femme officier et, par exemple, jeune sous-lieutenant, n’entrait jamais dans le bar du mess sans être accompagnée.

Mais les choses changent, pense-t-elle, à mesure que plus de femmes s’engagent dans l'armée. « Je crois qu'en tant qu'organisation, nous reconnaissons l'avantage concurrentiel que nous apporte les points de vues et les compétences particulières des femmes, et nous travaillons dur pour retenir celles qui s’engagent. Avec des femmes plus visibles à des postes à responsabilité qui mènent de front une belle carrière et une vie de famille, et avec une meilleure compréhension des défis auxquels les femmes font face dans cette profession, nous avançons vers un environnement qui permettra à tous de s’épanouir. »

Peut-être que les petites afghanes derrière Sam se disent qu’elles aimeraient aussi être militaires quand elles seront grandes ? Crédit photo : collection personnelle SH

Peut-être que les petites afghanes derrière Sam se disent qu’elles aimeraient aussi être militaires quand elles seront grandes ? Crédit photo : collection personnelle SH

Camille Boutron

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Hélène Boccandé

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