Based in Paris, FRANCE, WOMBAT is a blog by CHRISTINA MACKENZIE. Her posts PORTRAY WOMEN THE WORLD OVER WHO'VE CHOSEN TO SERVE THEIR RESPECTIVE COUNTRIES IN THE DEFENCE SECTOR.

Maréchal-des-logis Malia

Maréchal-des-logis Malia

La maréchal-des-logis Malia porte le calot distinctif rouge du 1er Régiment de Spahis. Crédit photo: Brigadier-chef Valentin/1er Régiment de Spahis

La maréchal-des-logis Malia porte le calot distinctif rouge du 1er Régiment de Spahis. Crédit photo: Brigadier-chef Valentin/1er Régiment de Spahis

A 18 ans Malia cherche l’aventure. Elle l’a trouvera à Valence, au pied des Alpes à plus de 22 000 km, 36 heures de vol et 11 heures de décalage horaire de chez elle. La jeune femme, aujourd’hui transmetteuse et sportive de haut niveau, est originaire de l’île de Wallis, qui, avec celles de Futuna et Alofi, forment une collectivité d’outre-mer française située dans l’Océan Pacifique. Wallis, contrairement à la montagneuse Futuna, ‘culmine’ à 151m. Avec 8 342 habitants, l’île est sept fois moins peuplée que Valence. On comprend donc pourquoi Malia, frigorifiée ce jour d’automne de son arrivée il y a 10 ans, essoufflée par la montée depuis la gare jusqu’au 1er Régiment de Spahis, perturbée par l’environnement grand et bruyant, avait « un peu peur ».

Elle en rit aujourd’hui. « J’étais toute seule, je ne connaissais absolument personne en Métropole mais l’armée m’a tout de suite prise en main et c’est elle qui est devenue ma famille », me raconte cette jeune femme lumineuse. Elle n’a pas eu le temps de souffrir du mal du pays ou de se morfondre. « Les jours ne se ressemblent pas car quand on commence dans l’armée il y a beaucoup de stages de formation. »

Passionnée depuis l’age de six ans par le volley-ball, sport nationale de Wallis et Futuna tout comme le rugby, Malia n’est pas déstabilisée par la discipline ou le travail en équipe de l’armée « car ce sont les mêmes exigences que dans le sport ».

“Il faut connaître autre chose que ce qu’il y a chez nous, oser partir à l’aventure”

Être militaire dans la famille de Malia n’a rien d’extraordinaire. Son frère le fut pendant quelque temps, ainsi que des oncles et son grand oncle, qu’elle appelle son grand-père comme c’est la tradition parmi les Wallisiens. « Militaire c’est ce que je voulais faire », précise-t-elle, « même si c’était un peu compliqué pour ma mère car je suis la seule fille de la famille et elle ne voulait pas que je parte aussi loin. » Aujourd’hui sa mère est fière « mais elle veut que je m’arrête ». Ce ne sera pas le cas car « l’armée m’apporte tout dont j’ai besoin et pour l’instant je peux faire tout ce que je veux » ; Malia a signé un nouveau contrat de 10 ans et se pose même la question de passer le concours officier, ce qui n’est pas surprenant chez cette jeune femme ambitieuse qui débute sa carrière comme militaire du rang, puis en 2016 est sélectionnée pour l’école des sous-officiers de Saint Maixent.

Malia, ailière dans son équipe de volley-ball. Photo personnelle.

Malia, ailière dans son équipe de volley-ball. Photo personnelle.

En s’engageant Malia n’était même pas au courant que les sportifs de haut niveau pouvaient mener une carrière militaire et sportive en parallèle, notamment au sein de l’Armée de Champions ; cette dernière est formée de 103 sportifs (88 valides et 15 handicapés) intégrés dans le Bataillon de Joinville ainsi que quelques dizaines de militaires qui ne le sont pas. Le Bataillon de Joinville est réservé aux civils sportifs de haut niveau qui deviennent militaires pour s’assurer une solde régulière et un encadrement humain et technique qui leur ferait défaut autrement ; ceux qui ne sont pas dans le Bataillon de Joinville sont des militaires dont l’aptitude pour un sport à été découvert ensuite. C’est dans ce cadre là que Malia avait déposé un dossier pour intégrer l’Armée de Champions. Mais, le jour suivant notre conversation, elle m’a fait savoir que son dossier « n’est pas refusé mais n’a pas été pris en compte puisque le volley, sport collectif, n’est pas encore ‘considéré’ si je peux dire, comme sport de haut niveau au niveau militaire ».

Toujours est-il que Malia fait partie de l’équipe de France militaire de volley-ball même après avoir arrêté totalement de jouer en arrivant en Métropole « car c’était difficile de pratiquer et dans mon régiment ce sport n’était pas connu ». Mais après une pause de six ans elle s’inscrit dans un club civil à Valence et puis prend contact avec le coach de l’armée de terre. Intégrée dans l’équipe de cette dernière, Malia est en suite repérée par le coach de l’équipe de France militaire. Mais ce n’est pas facile de se retrouver pour les entraînements. « Le coach me contacte avec les dates des stages et puis je renseigne mes supérieurs. On se retrouve une ou deux semaines, une à deux fois par an, » explique-t-elle. « Nous sommes deux de l’armée de terre dans cette équipe », équipe qui a participé aux Jeux Mondiaux Militaire à Wuhan, Chine, en Octobre 2019 où elle s’est placée 7ème.« Ces jeux j’en rêve encore », s’enthousiasme-t-elle. Apparement le ‘relâchement’ du village des sportifs des Jeux Olympiques n’est pas de mise pour ces jeux-là ! « On reste militaire, carré, en uniforme de sport » raconte-t-elle. Mais ses yeux en brillent encore !

L’équipe de France militaire de volley-ball féminin à Wuhan en octobre 2019. Malia porte le numéro 2, devant à gauche. La capitaine Priscilla porte le numéro 3. Photo personnelle.

L’équipe de France militaire de volley-ball féminin à Wuhan en octobre 2019. Malia porte le numéro 2, devant à gauche. La capitaine Priscilla porte le numéro 3. Photo personnelle.

Son métier l’enthousiasme tout autant. Transmetteuse, car lors de son recrutement on lui a descellé une bonne oreille et une bonne écoute, elle dit en riant qu’à la fin des quatre mois du stage de morse, à force de le pratiquer huit heures par jour, « j’ai fini par rêver en morse » ! Elle a été déployée avec son régiment en Côte d’Ivoire en 2013 et en 2015 et au Liban en 2020. Notre conversation a lieu quelques jours seulement après la mort en opération le 2 janvier au Mali du sergent-chef Yvonne Huynh, la première femme militaire française à mourir au combat,* alors on évoque le sujet. « Bien sûr qu’on en parle entre nous et qu’on a un peu peur», me dit Malia sobrement, mais elle ajoute immédiatement que « on sait qu’on est des soldats. On connaît les risques du métier ».

Malia a construit sa vie en Métropole où elle a aujourd’hui « beaucoup plus d’amis qu’à Wallis » et elle porte un regard critique mais plein de tendresse envers son île natale. « La mentalité ne change pas. Par exemple, il est toujours mal vue qu’une femme porte un maillot de bain », raconte-t-elle. « Il faut connaître autre chose que ce qu’il y a chez nous, oser partir à l’aventure. » Et ce, d’où que l’on vienne !



* quatre autres femmes militaires sont mortes pendant leur engagement dont deux ont reçu le statut « morts pour la France »

  • la capitaine Laurence Briançon, 31 ans, morte le 6/5/2007 en Egypte dans un accident d’avion (morte pour la France)

  • le cavalier 1er classe Anita Gaillon, 22 ans, retrouvée morte chez elle dans des conditions troubles le 18/7/2004 au retour de son déploiement au Kosovo (morte pour la France)

  • le brigadier Camille Félix, 22 ans, morte le 1/2/2008 au Kosovo (non morte pour la France)

  • le soldat 1er classe Céline Montesse, 23 ans, morte le 27/7/2001 à Mitrovica, Kosovo (non morte pour la France)










Adjudant Astrid

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Sergent Myriam

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