Based in Paris, FRANCE, WOMBAT is a blog by CHRISTINA MACKENZIE. Her posts PORTRAY WOMEN THE WORLD OVER WHO'VE CHOSEN TO SERVE THEIR RESPECTIVE COUNTRIES IN THE DEFENCE SECTOR.

Mary L. Keifer

Mary L. Keifer

Mary Keifer. Crédit photo : Christina Mackenzie

Mary Keifer. Crédit photo : Christina Mackenzie

Femme enjouée, vêtue aujourd'hui d'une élégante robe bleu électrique, elle ne ressemble en rien à une geek ! Et pourtant... Mary Keifer est l'une des conceptrices de logiciels pour le système d'arme navale Aegis de Lockheed Martin.

Elle a obtenu son diplôme en informatique de la Pennsylvania State University à une époque où le grand public ignorait ce qu'était l'informatique. Aujourd'hui, elle est directrice internationale d’Aegis. « Jeune diplômée je ne m'imaginais même pas la trajectoire qu'a pris ma carrière », me raconta-t-elle lors du salon Euronaval qui s'est tenu à Paris le mois dernier.

Mais donc à quoi ressemble-t-elle cette trajectoire ? « Au lycée, j'étais bonne en maths mais j'avais tendance à avoir un cheveu dans la main », dit-elle en riant. « Alors, quand j'ai commencé à Penn State en 1980 j'ai choisi ce sujet appelé 'informatique' parce que j'espérais ainsi éviter les études des calculs que j'aurais certainement l'obligation de faire si choisissais les mathématiques pures ! Et j'ai adoré ça ! Tout d'un coup je me suis retrouvée à faire mes devoirs le jour où on me les avaient donnés au lieu de les faire le jour où je devais les rendre ! Mais j'ai quand même été obligée d'étudier les calculs », sourit-elle.

“Tout programme d’études en STEM mène à une multitude de carrières”

Elle a ensuite obtenu un Master en informatique du New Jersey Institute of Technology tout en travaillant comme ingénieure système dans le secteur des missiles et des radars de surface de Radio Corporation of America (RCA) pour développer un système intégré de défense anti-missiles : Aegis. « Je n'y connaissais rien en matière de défense mais cela n'avait aucune importance, ce qu'ils voulaient, c'était quelqu'un avec des connaissances en STEM [science, technologie, ingénierie, mathématiques], et ça je les avaient. Je concevais des programmes informatiques et c'était parfait! Je pensais y rester deux ans », dit-elle. Cela fait maintenant 32 ans qu'elle travaille sur Aegis !

Aegis est un système de combat pour les navires. Grâce à la technologie informatique et radar, il peut simultanément attaquer des cibles terrestres, des sous-marins et des navires de surface tout en protégeant automatiquement la flotte contre les avions, les missiles de croisières et les missiles balistiques. C’est le système d'arme déployé sur plus de 100 navires par les marines des États-Unis, du Japon, de l'Espagne, de la Norvège, de la Corée et de l'Australie et contribue aussi au système européen de défense antimissile de l'OTAN.

« Il y avait environ quatre femmes parmi la centaine de personnes qui constituait l'équipe, mais j'ai toujours été assez sourde à tous 'bruits' concernant les femmes au travail. Quand quelqu'un m'a demandé une fois si cela ne me dérangeait pas d'être la seule femme dans une salle remplie d'hommes, j'ai dû y réfléchir mais en fait je trouvait ça plutôt cool », fait-elle remarquer. « J'ai eu ma première vraie promotion dans les années 1990, mais je l'ai questionnée car je n’en voulais pas si elle était due à une discrimination positive. Mon patron m'a simplement répondu que j'étais la personne la mieux qualifiée pour le poste, donc je l'ai obtenue parce que j'étais la meilleure candidate et non parce que j'étais une femme », souligne-t-elle.

Quoique Mary trouvait son travail passionnant et intéressant, elle rêvait encore de voyages « et pas seulement dans le Ohio ! » Avant la fin des années 1980, elle a pu entreprendre un premier voyage professionnel à l'étranger, au Japon. Elle a ensuite vécu trois mois en Espagne pour y travailler main dans la main avec Navantia comme directrice technique du programme Aegis, un poste qu'elle a occupé entre 1996 et 2002. Elle voyage encore souvent à l'étranger où elle aime découvrir les cultures variées.

Mary est impliquée dans les efforts de Lockheed Martin pour encourager les jeunes femmes à devenir ingénieures. « Deux fois par an, nous accueillons des filles des écoles secondaires et nous les plaçons pendant une journée en binôme avec une femme qui travaille à Lockheed Martin. Nous leur expliquons que tout programme d'études en STEM mène à une multitude de carrières et leur montrons que ce que nous faisons est plutôt cool. » Je lui demande comment les filles réagissent à l'aspect « défense ». « C’est le mot clé  », souligne Mary. « Lorsque vous expliquez que ce que nous faisons fait une grande différence, que la flotte d'Aegis est multinationale et que les pays qui l'ont acheté ont investi dans le système pour sauver des vies, alors les choses deviennent plus claires. »

Le mari de Mary travaillait également pour Lockheed Martin « mais il a vite comprit que grâce à mes études et mon expérience professionnelle j'avais un grand potentiel d'avancement de carrière et il a donc changé de job pour pouvoir travailler de chez nous afin d'offrir plus de flexibilité à notre famille ». Le couple a deux enfants, aujourd'hui adultes, « et j'ai profité pleinement du congé de maternité qui m'était proposé », dit-elle. Elle a repris le même poste suite à son congé pour la naissance de sa fille aînée, mais après la deuxième naissance, elle a du s'en trouver un autre au sein de l'entreprise. Loin d'être surprise, elle dit trouver cette recherche personnel d'un nouveau poste « tout à fait normal. Je n'aimerai pas que mon avancement de carrière soit décidé par quelqu'un d'autre ».

Elle admet sans rechigner qu'elle n'aurait pas pu mener sa brillante carrière « sans l'aide de mon mari ». En ce qui concerne les tâches ménagères « chacun de nous a porté une partie de la charge », et de même avec la garde des enfants: « Je me chargeais d'envoyer les enfants à l'école le matin et mon mari était là quand ils descendaient du bus l'après midi. Quand notre fille était bébé, il la déposait parfois en route pour l'aéroport à la garderie en priant pour que mon vol de retour aux États-Unis atterrirait à l'heure pour que je puisse aller la chercher le soir venu ! » Mais, sourit-elle, « notre fille étant le premier petit-enfant, très souvent mes beaux-parents l'avaient déjà récupérée. La famille est une aubaine. »

Véronique Cham-Meilhac

Véronique Cham-Meilhac

Sofía Honrubia Checa

Sofía Honrubia Checa