Based in Paris, FRANCE, WOMBAT is a blog by CHRISTINA MACKENZIE. Her posts PORTRAY WOMEN THE WORLD OVER WHO'VE CHOSEN TO SERVE THEIR RESPECTIVE COUNTRIES IN THE DEFENCE SECTOR.

IGA Caroline Laurent

IGA Caroline Laurent

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Crédit photo : Paco.Ben AMAR©DGA/COMM

L'ingénieure générale de l'armement (IGA) Caroline Laurent a une voix très calme pour une personne qui arbore quatre étoiles sur son uniforme ! Je dois me pencher pour l'entendre, bien que nous soyons assises dans un grand bureau calme qui a été installé pour elle dans le pavillon du ministère français des Forces armées au salon Eurosatory terrestre et aéroterrestre, qui s'est tenu dans la banlieue nord parisienne la semaine dernière. J'ai un créneau d'une demi-heure pour cette interview. Notre conversation va durer deux fois plus longtemps ! 

Bien que son grade soit celui de général, elle est ingénieure et a effectué toute sa carrière à la DGA (voir glossaire), devenant directrice de la stratégie en décembre 2014. Parallèlement, elle n'est devenue que la deuxième femme de la DGA, après Monique Legrand-Larroche (dont le portrait figure également sur ce blog), a avoir obtenu sa quatrième étoile.

Elle est, en fait, une pilote frustrée. « Quand j'étais jeune, j'étais fascinée par tout ce qui concernait les avions et l'espace et je voulais être pilote de chasse ou astronaute », raconte-t-elle. « Comme j'étais assez bonne en sciences à l'école, j'ai suivi une prépa maths et astrophysique, puis j'ai été reçue à l'École Polytechnique. » (voir glossaire)

Dans sa promotion de 1982, il y avait 30 femmes parmi les 300 étudiants « et ce pourcentage n'a pas évolué, s'il n'a pas même baissé un peu », dit-elle. Elle était trop jeune pour la sélection d'astronautes lancée dans les années 80 et à l'époque les femmes ne pouvaient pas devenir pilote de chasse. Elle a donc auto-financé ses cours de pilotage.

« Il y a des hommes alpha dans chaque organisation qui trouvent inconfortable d’être gérée par une femme »

Après ses études, elle est entrée à SUPAERO, une école spécialisée dans l'aéronautique et l'espace à Toulouse, dans le sud-ouest de la France. Elle est très franche sur les difficultés rencontrées par les femmes dans ce monde très masculin. «On en demande plus à une femme. Pour qu'un homme soit promu, il suffit que sa carrière ait suivi un chemin donné, mais pour une femme il faut démontrer que nous sommes bonnes, on a plus besoin de montrer de mérite. » Elle convient que les femmes « se mettent moins en avant » et admet qu'elle est restée « plus longtemps dans un poste [qu'un homme ne l'aurait fait] parce que je que suis moins dans la conquête du pouvoir ».

Elle est mère de cinq enfants ; elle a donc non seulement eu cinq congés de maternité mais a également pris un congé parental de quatre ans. Loin d'entraver sa carrière, cela semble l'avoir aidée. Elle raconte qu'à son retour, lorsqu'elle a exprimé une certaine réticence à prendre un poste de plus grande responsabilité, l'ancien directeur de la DGA, Laurent Collet-Billon, lui a dit que c'était absurde « si tu peux te débrouiller avec cinq enfants ! » Et elle admet que lors d'une réunion, elle ne répond jamais à son téléphone portable à moins que l'appel ne provienne de l'un de ses enfants « car il n'y a pas de stress plus grand que d'avoir un enfant en difficulté ». Mais elle est fière de n'avoir « jamais été absente du travail à cause d'un enfant malade ».

« Tout au long de ma carrière, j'ai choisi l'équilibre entre ma vie professionnelle et personnelle », me dit-elle, ajoutant qu'elle a refusé des postes afin de préserver cet équilibre. De ses cinq enfants, seul le dernier lui reproche de ne pas être toujours là pour lui « mais je pense qu'il l'a utilisé comme excuse pour les difficultés qu'il aurait pu rencontrer à l'école », sourit-elle. Elle a évité de voyager quand elle le pouvait et n'a pas suivi le cursus d'un an à l'IHEDN (Institut des Hautes Études de Défense Nationale) car cela impliquait d'aller en classe le samedi matin.

Même avec un mari moderne qui partage les tâches ménagères, « j'ai toujours été impliquée pour accompagner ou aller chercher les enfants à l'école ou chez des nounous, ou pour les rendez-vous chez les pédiatres et médecins. »

Caroline souligne que, curieusement, c'est surtout au cours des dernières années, alors qu'elle a gravi les échelons, que certains de ses collègues masculins lui ont fait sentir que sa position était due à une discrimination positive, plutôt qu'àson mérite. « Il y a des hommes alpha dans chaque organisation qui trouvent inconfortable d'être gérée par une femme », remarque-t-elle, ajoutant cependant que « parmi les militaires, le grade compte pour beaucoup. »

« Les femmes doivent oser », souligne-t-elle, « car nous avons des qualités; nous sommes plus modestes, plus gentils, nos modes de gestion et d'organisation sont différents. Le résultat est que les femmes sont plus dignes de confiance et mieux organisées. »

IGA Monique Legrand-Larroche

IGA Monique Legrand-Larroche

Générale Christine Chaulieu

Générale Christine Chaulieu