Based in Paris, FRANCE, WOMBAT is a blog by CHRISTINA MACKENZIE. Her posts PORTRAY WOMEN THE WORLD OVER WHO'VE CHOSEN TO SERVE THEIR RESPECTIVE COUNTRIES IN THE DEFENCE SECTOR.

ICA Delphine

ICA Delphine

(Le ministère français des armées exige que le personnel soit désigné par leur prénom seul pour des raisons de sécurité).

Crédit photo : Christina Mackenzie

Crédit photo : Christina Mackenzie

Delphine n'est pas seulement ICA (ingénieur en chef)* à la DGA (voir glossaire), elle est ingénieure, docteur en robotique et a été nommée directrice des études avancées des systèmes terrestres il y a un an. « Ce qui me motive, c'est d'essayer de construire des choses », dit-elle, ajoutant fermement que quand il s'agit de faire des choix de carrière « il faut oser et se faire plaisir ».

Nous avons pu converser pendant une heure vers la fin d'une journée bien remplie pour elle au salon Eurosatory des systèmes terrestres et aéroterrestres qui s'est tenu la semaine dernière près de Paris. Je l'avais observée, microphone à la main, décrire aux délégations officiels et les visiteurs certains des systèmes terrestres dont elle a la responsabilité.

Cette petite femme aux taches de rousseur et yeux bleus rieurs, concède que certains hommes ont été un peu surpris de trouver une femme à la tête du segment de combat collaboratif de Scorpion, le grand programme de modernisation de l'armée française, lorsqu'elle en était la responsable de programme de 2013 à 2017. Mais elle note qu'elle « a souffert de très peu de contraintes, grâce à l'éducation d'ouverture d'esprit que j'ai reçue de mes parents ». Mais avec ses deux filles, elle est très consciente que les livres pour enfants, les catalogues de jouets, la publicité, etc., tendent encore aujourd'hui à pousser les enfants « vers des jeux et activités genrés qui n'aident pas les filles à développer un intérêt pour la technologie. Il reste encore beaucoup à faire pour surmonter ces barrières entre les sexes. »

“Il faut oser et se faire plaisir”

Son propre intérêt pour la technologie s'est manifesté lentement. « Assez bonne polyvalente mais avec une préférence pour les mathématiques » à l'école, elle s'est préparée avec succès au concours d'entrée à l'École Polytechnique (voir glossaire) où, dans la promotion de 1995, il y avait environ 50 autres jeunes femmes. Elles représentaient moins de 15% des étudiants. Mais, remarque-t-elle, « je ne pense pas que nous étions traitées différemment des garçons ».

Dans le cadre de leurs études, les étudiants doivent suivre une formation militaire. Délphine a fait la sienne dans une base aérienne. Ses yeux pétillent encore au souvenir de son vol dans un Mirage 2000. Elle admet en riant qu'elle s'est sentie malade pendant les cinq dernières minutes du vol mais que l'expérience de voler en avion de chasse en valait vraiment la peine!

C'est à la base aérienne que son intérêt pour la technologie s'est réveillé ; elle a donc opté pour le cours d'informatique « où j'étais la seule fille parmi 70 étudiants. Les autres filles avaient principalement opté pour la chimie et la biologie mais j'étais intéressée par un projet de traitement d'images afin que les formes soient automatiquement reconnues. » Avec cette spécialité, elle avait deux choix lorsqu'elle a obtenu son diplôme: le monde médical ou militaire. « Mais il me semblait que c'était dans les armées que j'aurais le plus d'opportunités pour travailler dans le traitement de l'image, alors j'ai opté pour ça. » Elle se souvient de l'étonnement de ses parents, tous deux professeurs, « quand ils m'ont vue pour la première fois en uniforme. Ils étaient un peu surpris que j'ai choisi le secteur de la défense mais ont compris que la DGA offrait des opportunités de carrière variées. »

Pendant ses études de troisième cycle à l'ENSTA (voir glossaire), elle a dû effectuer un stage. Elle a fait le sien au centre technique de la DGA à Arcueil « où j'ai découvert la robotique ». Cela a vraiment capté son imagination, alors en 1999, elle a commencé une maîtrise en intelligence artificielle et en reconnaissance de forme. Elle a poursuivi ses études avec une thèse de doctorat sur la localisation et la cartographie simultanées (SLAM) « qui est la technologie au cœur des véhicules automatiques », explique-t-elle.

Mais pendant tout ce temps, elle continuait « à ne pas vraiment comprendre en quoi consistait réellement le travail d'ingénieur », dit-elle en haussant les épaules. « Je me demandais ce qu'ils faisaient toute la journée au bureau! » Maintenant, elle le sait ! Elle dit qu'elle n'aurait jamais pu prévoir, quand elle était encore à l'école, le déroulement de sa carrière « parce que chaque étape a été basée sur la découverte d'une spécialité ou d'un secteur de l'étape précédente ».

Elle a rencontré son mari à l'ENSTA et pense que pour avoir une carrière intéressante, il est « important d'avoir un conjoint compréhensif. Il m'a beaucoup soutenu », sourit-elle.

*le grade équivalent dans l’armée de terre est colonel

Générale Christine Chaulieu

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Dr Julie Rosier

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