Based in Paris, FRANCE, WOMBAT is a blog by CHRISTINA MACKENZIE. Her posts PORTRAY WOMEN THE WORLD OVER WHO'VE CHOSEN TO SERVE THEIR RESPECTIVE COUNTRIES IN THE DEFENCE SECTOR.

Caporal-chef Jacqueline

Caporal-chef Jacqueline

La caporal-chef Jacqueline. Photo personnelle

La caporal-chef Jacqueline. Photo personnelle

Le caporal-chef Jacqueline a toujours voulu « faire un métier d'uniforme ». Adolescente, ses mercredi après-midi et ses samedi matins étaient dédiés à une formation de jeune sapeur pompier. C'est donc naturellement que son premier choix d'uniforme fut celui de la Brigade des Sapeurs Pompiers de Paris, une unité du génie de l'Armée de terre placée sous l'autorité du préfet de police de Paris.

Mais Jacqueline porte des lunettes, rédhibitoire pour cette unité. Alors, à 19 ans elle rentre au bureau de recrutement de l'armée de terre dans le Nord Pas de Calais, où elle a grandit, pour s'y voir proposer une formation de plieuse de parachute. C'était sans doute ce qui semblait le plus logique à l'officier recruteur car Jacqueline passa un bac professionnel des métiers de la mode et styliste ! On a du mal à s'imaginer une formation moins adaptée que celle-là pour un militaire ! « En fait, je suis issue d'une famille nombreuse et ma mère ne voulait pas que nous nous éloignions pour suivre des études. Ce bac était le seul proposé près de chez moi qui m'intéressait un peu. »

Jacqueline, entourée de frères, sportive, a vite fait comprendre au recruteur que plieuse de parachute ce n'était pas pour elle. Alors son passé de jeune pompier est venu à la rescousse : elle est devenue brancardier secouriste. « J'ai choisit le 13e régiment du génie car c'est un régiment qui bouge », explique-t-elle. Brancardier n'étant pas un poste à plein temps, elle travailla aussi dans le bureau du comptable. « Mais je déteste travailler dans un bureau », s'exclame-t-elle. « J'aime bouger, alors au bout de trois ans j'ai demandé la section de combat. »

“Il n’y a pas de sexe à l’armée. Ça fait mal à tout le monde”

Elle fut déployée en Guyane et au Mali. Raté pour sa mère qui voulait qu'elle reste proche ! « Oui, mais ça c'était pour quand j'étais jeune », sourit-elle. « Aujourd'hui mes parents sont vraiment fiers même s'ils ont un peu peur quand je suis en opération extérieure. » Curieusement c'est l'opération dans la chaleur tropicale de la Guyane qu'elle a préféré. « Mon compagnon, qui était aussi militaire jusqu'à il y a un an, est originaire de la Côte d'Ivoire et j'y étais allée trois fois donc j'étais familière avec la chaleur humide », m'explique-t-elle. Mais c'est surtout la mission qui lui convenait mieux. « En Guyane on marchait tout le temps. On était plus dans l'action. » Sapeur de combat, elle raconte qu'elle partait en opération avec son unité trouver les exploitations illégales des orpailleurs dans la forêt amazonienne. Chaque soldat portait un sac de survie de 48h qui contenait la nourriture et l'eau. « Mais souvent il nous fallait boire l'eau marron et opaque des rivières qu'on purifiait avec nos pastilles. Je n'ai jamais été malade », souligne-t-elle.

Elle raconte, amusée, les matins où il fallait enfiler les vêtements mouillés « car tous les soirs on les lavait mais avec l'humidité ils ne séchaient pas durant la nuit. » Et puis il y avait les petites disputes avec ses camarades concernant le port des tronçonneuses et surtout de la masse. « Moi, je trouvais qu'on perdait moins de temps si je la gardais dans mon sac toute la journée plutôt que de vider le sac pour se l'échanger toutes les deux heures. » Pourtant ce n'est pas une Rambo. Du haut de son mètre soixante neuf pour 54 kg elle croit passionnément qu' « il n'y a pas de sexe à l'armée. Ça fait mal à tout le monde » et elle trouve que certaines de ses consoeurs sont parfois « trop nunuches, chochottes. On peut faire plus confiance aux garçons, » pense-t-elle.

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Jacqueline reçoit sa première médaille. Photo personnelle.

A son retour elle reçut une citation avec une médaille d'or et étoile de bronze. « Je ne m'y attendais pas du tout », dit-elle, en rajoutant nonchalamment que depuis elle en a collectionné cinq autres. « Quand on revient du Mali on reçoit trois médailles et puis j'en ai de l'opération Sentinelle. »

Suite à son déploiement en Guyane elle a passé son permis poids lourd pour pouvoir conduire le véhicule d'avant blindé, le VAB et c'est comme pilote de ce véhicule qu'elle a été déployée au Mali pendant quelques mois jusqu'en février 2020.

Au détour de la conversation elle mentionne un fils, puis deux ! Il s'avère que le premier était déjà né lorsqu'elle est partie en mission en Guyane. « Mon compagnon était encore militaire à cette époque alors notre fils aîné à plutôt été élevé par sa tante. Aujourd'hui il me teste : quand je l'appelais depuis le Mali il me demandais à chaque fois 'Maman, tu rentres à quelle heure ?'  Cela devenait invivable avec les deux parents militaire alors mon compagnon a trouvé du travail comme agent de sécurité dans le civil. Ça nous a vraiment aidé. » Devenue formatrice et ne voulant pas se retrouver dans un bureau elle a attendu la 22e semaine de sa deuxième grossesse avant de l'annoncer à sa hiérarchie... qui lui a un peu remonté les bretelles en lui disant que c'était irresponsable pour sa santé et celle de l'enfant qu'elle portait. Son cadet pourtant se porte à merveille. 

Dans un avion de transport militaire au Mali. Photo personnelle.

Dans un avion de transport militaire au Mali. Photo personnelle.

Aujourd'hui Jacqueline vient de se qualifier comme armurière de sa section, dont elle est également chef d’équipe. Elle a appris à démonter et remonter toutes les armes de la section et peut, en cas de dysfonctionnement, faire un premier diagnostic.

Jeune femme polyvalente, Jacqueline n'a aucune envie de retourner à l'école, en l'occurence celle des sous-officiers à Saint-Maixent. « Mes chefs ont déjà confiance en moi » souligne-t-elle et puis elle aime l'ambiance chez les militaires du rang. « C'est une famille, on est tout le temps ensemble, un peu comme dans un internat », déclare-t-elle, hilare.

Maréchal-des-logis Delphine

Maréchal-des-logis Delphine

Soldat 1ère classe Amandine

Soldat 1ère classe Amandine