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Graziella Lamoussière

Graziella. Crédit photo: Christina Mackenzie

Graziella en sourit : elle ne se destinait « pas du tout à la défense ni à l'industrie ». Aujourd'hui Responsable Qualité et membre du comité de direction chez Arquus à Garchizy, sur les bords de Loire dans la Nièvre, cela fait maintenant 15 ans qu’elle travaille entourée par des véhicules blindés.

Le site de Garchizy, un des quatre d’Arquus, produit des cabines blindées, rénove les Véhicules d’Avant Blindés (VAB) et, depuis peu, distribue des pièces de rechange  pour l’ensemble de la gamme de véhicules Arquus dont le Jaguar et le Griffon, deux des nouveaux blindés qu’Arquus et ses partenaires Nexter et Thales, fournissent aux armées de terre française et belge.

« Le responsable qualité doit se poser la question de comment faire pour que le produit qui sort de l'usine n'ait pas besoin d'être contrôlé à outrance. Nous faisons du préventif, plutôt que du correctif. En fait, il faut anticiper pour chaque étape tous les risques, qu’ils soient humains ou liés au procédés, et mettre en place des procédures pour les éviter. Anticiper ce qu’on appelle le facteur humain est très dur », juge-t-elle. Alors, par exemple, « nous avons identifié tous les serrages qui ont un impact sécurité, comme sur la colonne de direction, et nous y avons mis deux personnes. La première visse et la deuxième vérifie. »

C’est un monde fort éloigné de celui de l’enseignement que Graziella se destinait à rejoindre comme institutrice lorsqu’elle débute des études de biologie. N’ayant pas réussi le concours « j’ai voulu continuer en faisant du génie biologique mais l'université de Dijon à Auxerre m’a orientée vers un DUT en génie de la production, proposition que j’ai acceptée en espérant me spécialiser dans l’industrie biologique ou pharmaceutique. Et en fait ça m'a vraiment plu. »

Dans le cadre de ses études il fallait faire des stages. « J’en ai trouvé chez moi à Nevers ce qui permettait aussi à mes parents de réduire les frais de logement. Et comme à Nevers c'est l'industrie mécanique et la métallurgie alors j’y ai fait mes stages et même si ce n’était pas mon secteur de prédilection, j’ai tout de suite adoré. » Ce qui lui plaît dans l'industrie c'est le côté concret. « On fabrique des choses qu’on peut voir, toucher ! »

Pour elle ce fut une vraie découverte et elle trouve fort dommage qu'on « ne présente pas d’avantage l’industrie dans les écoles ».

Elle se rend compte très vite que le fait d'être une femme constitue une force, contrairement aux idées reçues, même dans un milieu qui demeure très masculin. « Mes collègues masculins m'ont tout de suite aidée et je n’ai jamais eu le sentiment qu’être une femme dans ce milieu était un handicap », souligne-t-elle.

Son premier job, chez Valeo, fut comme technicienne qualité. « Là j'ai commencé à comprendre tout ce que j'avais appris à l'école ! » rit- elle. Jamais au chômage mais enchainant les CDD en intérim, Graziella « ne visait pas du tout le CDI », qui lui semblait hors de portée.

Et puis en 2007, « l’aventure  » débute quand elle accepte une énième mission CDD comme technicienne intérimaire chez Renault Trucks Défense, aujourd’hui Arquus. « Nous n'étions que 30 personnes quand je suis arrivée », raconte-t-elle. Aujourd’hui ils sont entre 350 et 450. Un an plus tard on lui propose un poste en CDI comme Responsable Qualité. « J'étais toute seule au début pour m'occuper de la qualité. Dès le premier mois j’étais mise dans le bain directe !! Aujourd'hui nous sommes 30 dans mon équipe et nous sommes engagés au quotidien pour assurer le niveau de qualité attendu par nos clients sur le terrain. »

Entretemps, elle décroche un Master 2 en management de la qualité, entrepris car elle trouve que ses diplômes « ne correspondaient plus à mon expérience professionnelle ». Cette démarche « complètement personnelle » lui a pris un an et demi, travaillant le soir et les week-ends.

Puis est arrivée, avec un timing qu'elle décrit comme « parfait », la grossesse tant attendue depuis 10 ans. Obligée de rester sans bouger chez elle pour la mener à terme, elle confie que même si elle est restée « connectée », il a été compliqué pour elle de se désengager pendant plusieurs mois du développement de l’usine de Garchizy.

Cela fait presque 15 ans qu'elle occupe le même poste. « Mais il y a de tels changements ici à Garchizy que tous les quatre ou cinq ans j'ai l'impression de changer d'usine », confie-t-elle.

Aujourd'hui Graziella se voit plutôt comme un guide. « Je suis là pour aider les membres de mon équipe, mon objectif c'est de les faire grandir. »

Membre du comité de direction « depuis toujours » elle participe à fixer les objectifs de l’usine pour les quatre prochaines années et à établir des priorités.

Cette jeune femme, qui, célibataire, avait rénové une maison toute seule et qui continue de bricoler (“aidée” par son petit garçon !) pendant que son mari, directeur de supermarché, travaille les week-ends, est très fière de voir dans des reportages télé les véhicules militaires qui sortent de l’atelier de Garchizy. Sa famille aussi. « Je n’ai toujours vu que de la fierté de la part de ma famille concernant mon travail », dit-elle.